Du 12 septembre au 30 novembre 2025, expo photo Suds

Le Monde change considérablement dans les années 1990 : les décolonisations s’achèvent, le Mur de Berlin est tombé en 1989, l’invasion du Koweït par l’Irak a avorté suite à l’intervention d’une coalition internationale mais a provoqué de nombreux déplacements de réfugiés, les accords d’Oslo de 1993 donnent l’illusion que le Proche-Orient va enfin s’apaiser, le SIDA ravage le continent africain, etc. Dans ce contexte, les pays dits du « Sud » sont sujets à de multiples bouleversements dont l’exposition « Suds » tente de rendre compte. Chroniques de la vie/ survie quotidienne de ces populations, les travaux des huit jeunes photographes français rassemblés par NCE, déploient un regard d’auteur, alors que le photoreportage achève son âge d’or et que les commandes photographiques de la presse refluent.
Ces regards singuliers, pudiques ou provocants, toujours respectueux, fruits de voyages répétés, de rencontres, de partages, sont des traces, reflets et interprétations de la réalité de l’époque… Au Kurdistan d’Irak (Anne Delassus) et en Ethiopie (Shanta Rao), au Mali (Yann De Fareins) et au Burundi (Emmanuelle Barbaras), en Israël (Didier Ben Loulou) et en Algérie (Frances Dal Chele), à Cuba (Thierry Géraud) et à Haïti (Christophe Bourguedieu). « Suds » a été inaugurée au Musée de la Photographie d’Helsinki et présentée à la Fondation Italienne de la Photographie à Turin en 1996.

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Emmanuelle Barbaras, Burundi 1994, Bujumbura, petite fille séropositive
Didier Ben Loulou, Jerusalem, 1993
Christophe Bourguedieu, Cyvadier, Haïti, 1992
Frances dal Chele, Oï, Vies silencieuses, Algérie 1997
Yann de Fareins, Nioro du Sahel, Mali 1984
Anne Delassus, Veuve, Plateau de Chamchemal, Kurdistan d’Irak, 1992
Thierry Géraud, Havana, 1993
Shanta Rao, Ethiopie 1993
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À travers cette exposition, c’est un hommage rendu à Thierry Géraud disparu dans un accident de voiture en octobre 1995 alors qu’il n’avait pas trente ans. À l’aube de sa carrière de photographe, et après avoir obtenu un DEA d’anthropologie tout en étant mannequin et sportif de haut niveau (champion de France de judo), Thierry Géraud a imprimé sur la pellicule près de 8000 images prises dans le monde. Les villes occidentales peuplées par des ombres, souvent la nuit, contrastent avec les portraits très incarnés dans les rues de de la Havane où, selon lui, régnait l’attente, l’ennui…
Thierry avait un avenir prometteur, il avait gagné le prix Illford et venait d’obtenir une bourse de la fondation Hachette pour son travail « carnet d’Ubac » et son pendant « Portraits de Cuba ». C’était une personne rare pleine de sensibilité, de curiosité et de générosité. Il reste dans nos cœurs à jamais.

Photo : Thierry Géraud (1966-1995) © Bogdan Konopka (1953-2019), Paris, juin 1995

Ci-dessous : Thierry Géraud, La Havane, 1993

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